Einstein vaut-il la moitie du Dr Raoult ? Pour en finir avec « l’indice h »

Une murale representant Albert Einstein, dans une rue de Moscou. Si un indice h eleve est en mesure de Par exemple etre associe a un Nobel, i§a ne prouve nullement qu’un indice h minimum eleve soit necessairement associe a votre « pietre » chercheur. © Credit photo : Shutterstock

La controverse mediatique entourant le professeur Didier Raoult fournit l’occasion de repasser via l’omnipresent indice bibliometrique « h-index », invente en 2005 avec le physicien americain John Hirsch (d’ou le choix en lettre « h » pour designer votre indice).

L’« indice h », ou « facteur h », en francais reste devenu en l’espace de divers annees une reference incontournable chez maints chercheurs et gestionnaires du monde academique.

Il va i?tre particulierement promu et utilise en sciences biomedicales, domaine ou J’ai massification des publications semble avoir rendu impossible toute evaluation qualitative de confiance des travaux des chercheurs. Cet « indicateur » reste devenu le « miroir aux alouettes de l’evaluation », devant lequel nos chercheurs s’admirent ou ricanent en constatant le piteux « indice h » de leurs « chers collegues », mais neanmoins rivaux.

Correctement que les experts en bibliometrie aient promptement note le caractere douteux de cet indicateur composite , bon nombre de chercheurs ne semblent pas toujours saisir que ses proprietes seront loin d’en faire 1 indice valide pour evaluer serieusement et ethiquement leur « qualite » ou leur « impact » scientifique.

Le plus souvent, ses promoteurs commettent d’ailleurs une erreur de logique elementaire en affirmant que les laureats tarifaire Nobel ont « ordinairement » votre indice h eleve, preuve qu’il mesure bien la qualite individuelle des chercheurs. Or, si un indice h eleve pourra Indeniablement etre associe a un Nobel, cela ne prouve nullement qu’un indice h minimum eleve soit necessairement associe a un « pietre » chercheur. En effet, 1 indice h en apparence faible va cacher un impact scientifique eleve, du moins si l’on accepte que l’unite de mesure habituelle de cette visibilite scientifique se reflete dans le nombre de citations recues.

Les limites de l’indice h

Defini tel le nombre d’articles N d’un auteur ayant chacun recu bien N citations, on voit immediatement que cet indice reste borne par le nombre total d’articles. En d’autres termes, si une personne a vingt articles cites cent fois tous, le indice h reste de 20, ainsi que un individu qui a aussi vingt articles, mais cites tous seulement vingt fois, soit cinq fois moins ! Mais quel chercheur bon dirait que des deux seront « egaux » du fera que un indice h reste le meme ? Or, si un indicateur n’est nullement proportionnel au concept qu’il reste cense mesurer, aussi il est invalide.

Notre plus ironique dans l’histoire de l’indice h est que le inventeur voulait i  l’origine contrer l’usage du nombre de papiers, qui d’apri?s lui ne representait gui?re bien l’impact scientifique d’un chercheur. Il pensait donc le « corriger » en le combinant au nombre de citations que les posts recoivent. Pis, il s’avere que l’indice h reste en fait tres serieusement correle (a hauteur d’environ 0.9) avec le nombre de publications ! En d’autres mots, c’est bel et bien le nombre de publications qui fait grimper l’indice h davantage que le nombre de citations, indicateur qui, malgre ses limites, demeure la meilleure mesure de l’impact des publications scientifiques.

Tout i§a reste connu des experts, mais peut-etre nullement des chercheurs, des evaluateurs et des journalistes qui se laissent impressionner par des personnages se pavanant avec leur indice h flanque au front.

Raoult vs Einstein

Dans une recente enquete de Mediapart , une comment s’inscrire sur blackpeoplemeet chercheure faisant partie du comite d’evaluation du laboratoire du Dr Raoult, avait confie au journaliste ne point s’etre laissee impressionner : « cela m’a marque, raconte-t-elle, c’est l’obsession de Didier Raoult pour ses publications. Quelques minutes avant que ne commence l’evaluation de le unite, c’est d’ailleurs la premiere chose qu’il m’a montree sur son ordi, le facteur h. »

Le Dr Raoult avait lui-meme affirme en 2015 dans le magazine Notre Point qu’il fallait « compter le nombre et l’impact des publications des chercheurs pour evaluer la specialite de leur article ». Examinons donc le fameux « facteur h » du Dr Raoult et regardons comment il se compare, disons, avec celui d’un chercheur qui est communement considere comme le plus grand savant du dernier siecle : Albert Einstein.

Dans la base de donnees Web of Science (WoS), Didier Raoult compte 2053 articles publies entre 1979 et 2018, ayant recu un total de 72 847 citations. Le indice h calcule a partir des deux donnees est de 120. On sait malgre tout que Notre valeur de l’indice h peut etre gonflee artificiellement grace a toutes les citations faites par un auteur a ses propres articles, ce que l’on appelle des autocitations. Or, le WoS indique que parmi les citations totales attribuees aux articles co-signes avec Didier Raoult, 18 145 proviennent d’articles dont Cela reste legalement cosignataire, cela equivaut a un taux d’autocitations de 25 %. En ignorant ces autocitations, l’indice h de Raoult baisse de 13 % a une valeur de 104.

Interessons-nous maintenant au cas d’Albert Einstein. Ce dernier compte 147 articles recenses avec le WoS entre 1901 et 1955, annee de son deces, pour un total de 1564 citations recues de son vivant. Sur ces 1564 citations, seules 27, soit votre maigre 1,7 %, paraissent des autocitations. Si l’on rajoute les citations faites a ses articles apres son deces, Einstein a recu un total de 28 404 citations entre 1901 et 2019. A partir de ces donnees de publications ainsi que citations, Einstein obtient un indice h de 56.

Si l’on devra faire confiance a la mesure dite « objective » de l’indice h, on est alors force de conclure que les travaux de Didier Raoult, avec son indice corrige de 104, ont un impact et une portee scientifiques deux fois plus importants que ceux du pere du photon, des relativites restreinte et generale, en condensation Bose-Einstein et du phenomene de l’emission stimulee a l’origine des lasers. Peut-etre vaudrait-il plus en conclure, comme suggere plus haut, que l’indicateur est bien seulement bidon ?